Régate à Carleton.

Comment j’ai bien pu faire pour me retrouver l’oeil dans le viseur du Nikon, dans un zodiac, un dimanche matin à une heure où dans une vie antérieure j’étais même pas couchée (ou en pleine grasse matinée pour les jours les plus raisonnables) ? 

Certainement que j’ai dû m’égarer, la veille, au coin d’un feu. Certainement aussi que j’ai dû négocier une journée de volontariat en étant à moitié bourrée, avec des gens qui complétaient l’autre moitié de la-dite bourritude. Et certainement aussi, qu’à la base j’avais de grandes idées de soirée calme, un petit concert et puis au lit, confortablement planquée dans le stationnement en arrière d’une énième micro-brasserie locale, le Naufrageur (ça devient un running-gag de roupiller aux micro-brasseries en Gaspésie, non seulement ça m’évite de conduire après avoir bu, mais en plus c’est vachement plus sympa qu’un parking de Walmart). Mais non. Le sort en a décidé autrement vu qu’à 20h pétantes, on me somme de rallonger la monnaie sous prétexte de concert payant dans le bar. Les poches vides, je crisse le camp direction la plage avec une bière à la main, bien décidée à profiter de ma soirée gratuitement. Non mais hé !

C’est étonnant, je marche à peine cinq minutes avant de tomber sur un feu avec une bonne vingtaine de gens assis autour. Tout aussi étonnant, quelqu’un joue de la guitare et tout le monde chante avec lui. Comble de l’étonnement, tout le monde m’accueille à bras ouvert même si personne ne me connait. Sont prévisibles dans leur gentillesse les Gaspésiens, vous trouvez pas ? Ils offrent à boire, ils discutent, j’apprends qu’une régate de voiliers et d’optimists est organisée cette semaine par Ecovoile, et tous ces gens là y participent. Je propose de venir prendre des photos le lendemain, l’organisatrice et les bénévoles sont ravis, et quand le réveil sonne dans le van à 7h du mat’, je me dis MAIS POURQUOI BORDEL ???

Bref. Me voilà dans le zodiac réservé à la presse, en compagnie d’un journaliste de Radio Canada et d’une gueule de bois plutôt modérée. Je repense à ce que Marine (j’allais faire un lien vers son site mais j’le trouve plus, Marine t’as dix minutes pour me l’envoyer sinon les gens pourront pas voir tes belles photos) m’avait expliqué en cas d’oeil dans le viseur sur la houle; vomito assuré. Je serre les dents, tout se passe bien. Une fois installée sur le voilier non loin de la ligne d’arrivée en compagnie du chronomètre officiel, je mitraille bien comme il faut, avant d’aller chercher ma paye du jour: un succulent muffin aux caneberges fait maison, offert par l’équipe des bénévoles. J’aime bien ce genre de deal photos/bouffe.


Je flâne un peu sur la plage, histoire de profiter du soleil. La Baie des Chaleur mérite définitivement son nom; malgré le vent qui ne se calme jamais, rien à voir avec la fraîcheur de la grève en haute Gaspésie. C’est plutôt agréable. Les gens sont sympas, la météo est au beau fixe, je file en direction de St Louis en fin d’après midi pour ma prochaine destination de reportage: le CeSa. La suite au prochain article.

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