Aménagement du van.

Ne croyez pas que je me la suis coulée douce pendant ces deux semaines sans news. J’étais simplement en quête d’un carrosse pour accomplir mon destin de princesse punk; conquérir le monde. 

Acheter un véhicule d’occasion pour pas trop cher, au Québec, c’est pas compliqué. L’offre est exhaustive, et si on n’y trouve pas son bonheur, c’est qu’on cherche pas au bon endroit. Par contre, faut voir l’état des tacots… La neige, le froid, le sel et les routes dans un état pitoyable ont vite fait de flinguer assez rapidement la carrosserie, et on ne parlera pas du reste. Il m’a suffi de trois jours pour dégoter un Astro, et une semaine de poireautage en attendant que le proprio se décide à le passer à l’inspection. Echec et mat, le bestiau est rouillé comme c’est pas permis, la structure porteuse est bouffée au dernier degré (comme quoi, même en se glissant dessous au premier rendez-vous, on est pas au courant de tout). La recherche reprend, et la même journée, j’en trouve un deuxième à 50km de Montréal, inspecté le lendemain, acheté le surlendemain, plaqué et assuré le troisième jour. Ca, c’est fait.


C’est pas tout de ramener la bête à Montréal en pleine heure de pointe quand on conduit une voiture à boîte auto pour la première fois (n’empêche que les congestions, ici, sont bien plus light que le périph’ parisien à la même heure, je dis ça je dis rien), il faut maintenant que je l’aménage en camper van. De l’avis général, glané ces derniers mois, le strict minimum sera le mieux. C’est pas faute d’avoir écumé les blogs, sites et forums de conversion de van en Amérique du nord depuis bientôt six mois, mais l’inspiration me manque. Tous les modèles que j’ai vus me paraissent bien, maiiiiiiis… Y’a toujours un truc qui me déplaît. La hauteur de la structure portante du lit, l’emplacement des étagères, tout ça tout ça…

J’ai donc décidé de créer mon propre aménagement à partir du van vide, sans plan, sans mesure préalable, avec un budget minimum, et heureusement quelques outils gentiment prêtés par Antoine qui m’héberge à Montréal. Son coloc a repéré du bois dans la rue, auquel est venue s’ajouter une grande planche qui n’était pas utilisée par les autres colocs pour leur puzzle géant (remarquez la continuité des évènements avec ma dernière visite en février, pour ceux qui auraient suivi).


Voilà, le van est chargé, en route pour sa prochaine mission; aller s’isoler à la campagne à 1h30 de Montréal, sans connexion internet (et donc sans plan accessible en cas de besoin), à quelques kilomètres d’un tout petit bled pourvu d’une quincaillerie, dont les employés sont rapidement devenus mes meilleurs copains le temps de quelques jours.

Vous me connaissez, je suis loin d’être habile de mes dix doigts, et les travaux manuels, jusqu’à présent c’était pas mon fort. N’empêche qu’il a suffi de commencer pour voir qu’absolument tout est faisable. Comme quoi, y’a pas d’excuse quand on a une scie, une perceuse et des vis à disposition.

Première réalisation; la structure principale, composée du lit et du coffre arrière destiné à contenir la bouffe et les ustensiles de cuisine. Le coffre s’ouvrant à moitié sous forme d’auvent et à moitié sur les côtés, c’est l’endroit idéal pour cuisiner en plein air, à une hauteur respectable en étant debout. Rendons à Kafka ce qui appartient à Kafka; sa relou-mobile est aménagée de la même façon, et ça fonctionne très bien.


Oui, je sais, vous vous indignez derrière votre écran. Comment ça, un lit avec une seule place, 90 cm et pas plus large ? Bah oui, j’ai joué ma carte égoïste, le plumard est conçu pour moi et rien que pour moi, comme la plupart des aménagements dans ce van; les grands/gros seront très emmerdés. Mais c’est pas mon problème. Ca risque de le devenir en cas de ramenage de galante compagnie, mais comme Kafka l’a si bien dit en parlant de la largeur du plumard dans sa Kangoo: « Faut être très amoureux si on veut dormir à deux là-dedans ». Je fais confiance aux phéromones pour se charger de la job (ou me laisser profiter d’une troisième éternité de célibat, au choix).

Vous aurez certainement remarqué la hauteur certaine de la structure; elle est calculée pour pouvoir ranger pas mal de bordel en dessous, tout en me laissant la possibilité de tenir assise dessus. Sans compter la hauteur de ma crête. Bah oui, faut faire des sacrifices dans la vie. D’ailleurs cette foutue crête est en train de mourir indignement, mais ça, on s’en fout.


Deuxième construction; une petite tablette avec une extension dépliable, fixée à la structure du lit une fois celle-ci chargée dans le van. Je n’ai pas eu le choix de la visser aussi au revêtement en moquette du van, même si j’aurais préféré éviter de faire des trous là-dedans. On dira qu’on a rien vu. C’est fou comment on prend la confiance quand on a une perceuse dans les mains.


Une fois tout ce bazar fixé, j’ai fixé des planches à la structure de base, prévue pour s’ouvrir par le haut comme des coffres. Accès facile pour bordel non organisé là-dessous.


Ces planches étant prévues pour être recouvertes de trois pièces de mousse (hé ça va hein, je vais pas dormir direct sur le bois non plus), je les ai percées pour faire un peu d’aération. Astuce trouvée sur le blog de Joe qui a aménagé un véhicule du même modèle. Joe, thanks a lot for your detailled articles about the conversion, your blog is a goldmine !


Troisième et (j’espère) dernière construction: une petite étagère, elle aussi reliée au lit par le bas, pour, devinez… entasser du bordel. Et ouais. Bon, comme je venais de me taper trois jours non stop de construction, je me suis quand même fait un truc cool avec une porte qui ferme. Dans du bois de merde. Direct à la vue de tout le monde dès que la portière latérale est ouverte. C’est super malin, je sais, aucun commentaire ne sera toléré à ce sujet. On va dire que c’est pour stocker les recharges de propane à l’abri des étincelles.


Je suis quand même assez contente de mon petit bazar (pas droit, pas mesuré, on continue sur la bonne lancée). Ca dépasse en bas, je sais, c’est fait exprès pour la raccorder à la structure du lit une fois installée dans le van. Quelques crochets pour ajouter encore des merdouilles qui se balancent en faisant du boucan à chaque virage, et le tour est joué !


Et puis, le sujet qui fâche (traduisez: le seul point où je ne peux pas me permettre d’y aller à l’arrache), l’isolation. Qui a le tapis de cul le plus isolant dans les catas ? Tonton Styx. Et c’est quoi son tapis de cul ? Du Bultex. Traduisez par Reflectix, en version nord-américaine. C’est parti pour une calfeutration (pas spécialement) minutieuse des vitres arrières, et un rajout de rideau noir entre la cabine avant et le coffre. Comble du bonheur, il en restait assez pour tailler deux tapis de cul pour les longues soirées au coin du feu.


La bête est enfin meublée et sommairement isolée, il ne manquait plus que le remplissage; matos de cuisine et contenants divers pour compartimenter tout ce que je vais entasser là-dessous, histoire de faire un bazar organisé. Un petit tour à Dollarama (formidable fourre-tout de quantités de petits trucs à 1$), et le problème est réglé.


Le matelas, ce sera pour plus tard, pour les deux premières semaines le tapis de sol fera largement l’affaire. On dira ce qu’on voudra, mais à défaut d’être super bien foutu, j’ai tout fait toute seule, et c’est plutôt plaisant d’utiliser le résultat de son travail tous les jours. Pour une fois, j’ai l’impression d’avoir vraiment bossé, et pas juste déplacé des dizaines de milliers de pixels, d’octets ou d’autres machineries virtuelles.

Bien entendu, qui dit campagne dit aussi profitage entre copains et copines. Le Mölkky (prononcez meule-cul, c’est bien plus distingué) était de la partie, et a été rapidement adopté par l’assemblée.


Et, traditionnellement avec Antoine, la pêche. Promenade en barque au programme. J’ai attrapé mon premier brochet. Contente la Boulette !


C’est pas tout ça, mais j’étais partie pour deux jours, et me voilà à squatter une semaine entière dans les cantons de l’Est. N’empêche que ça fait du bien de sortir de la fourmilière urbaine pour pouvoir bosser tranquille, déconnecter internet, prendre le temps de lire un bouquin en entier, profiter du soleil… et mettre de la sciure partout. Retour fatal à Montréal après une semaine au vert, 20 minutes pour trouver où parquer mon char gratos sans me le faire embarquer pendant la nuit, et prévoir de repartir au garage pour divers machins fâcheux (un ABS flemmard, une courroie qui siffle, une guirlande de voyants oranges allumés, on est plus à çà près) avant le grand départ.

A bientôt pour de nouvelles aventures en noir et blanc !

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